ALAIN VEINSTEIN VERS L'ABSENCE DE SOUTIEN

Alain Venstein. Portrait Bucolique Photo Ji-Elle & Point to Point Studio.

Un râclement de pelle toujours recommencé. une terre stérile décapée jusqu'à la pierre :Le blanc du papier. L'écrivain n'est pas un homme qui creuse pour planter un arbre, trouver de l'eau, ni même pour ensevelir les mort. Il râcle par amour d'un bruit de ferraille dans les cailloux. Il ne ramasse rien et n'étant jamais su^r de ce rien, il recommence.On ne peux même pas le comparer à ces artistes zen qui ratissent le sage gravier d'un jardin sans fleur. Lui c'est plein de rage qu'il pellette le vide. Il meurt de peur de n'être pas assez pauvre. Le lecteur ne perd rien à sauter un mot, une phrase, une page, car c'est toujours la même ascèse bégayante, des répétitions à la pelle, et l'entêtement de parler pour ne rien dire. Le poète se définit lui-même : une bouche inutile. Il nous laisse sur notre faim. Pourtant, au moment de lui préférer ceux qui plantent, sans qu'il le veuille et contre son aveu il nous force à lui prêter oreille, fraternellement : " j'aimerais me replier dans une échancrure, faire du feu, trouver par moi-même un peu de nourriture. Pour me réchauffer, me nourrir, je n'ai cependant pas d'autre issue que de harceler ce froid, de dévorer cette faim qui dégorge de mes phases et dont je tire une bonne part de ma force ". J. Suquet. Déc. 1979-art. 146  Veintein (Alain) Vers L'absence de soutien. P. Gallimard, 1978 103 Pages.

LECTURES CHOISIES EXTRAIT [146]

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