• JAZZ À LA TOUR D'AIGUES En LUBÉRON

    La Tour-d'Aigues (Vaucluse) - Voici seulement sa deuxième édition, organisée du 11 au 14 août, au château de La Tour-d'Aigues (Vaucluse), bourgade située entre Pertuis et Manosque, mais déjà le festival Jazz à La Tour s'impose comme l'un des rendez-vous musicaux à ne pas manquer en août : pour son site, sa programmation - des musiciens d'ici et d'ailleurs qui cherchent et qui trouvent -, l'attention de l'équipe à servir la musique par le son, les éclairages, l'accueil des artistes comme du public. Derrière cela, l'efficacité tranquille de l'Association pour le jazz et la musique improvisée (AJMI) d'Avignon, présidée par Jean-Paul Ricard. Mot d'ordre fondateur : "Et le jazz bordel !" Sous-titre : sans barrières stylistiques.

    Dans la cour d'honneur du château, dont il reste suffisamment d'éléments (chapelle, tours, terrasse, façade d'entrée, pavillon...) pour qu'on puisse le reconstruire dans sa tête, la scène est installée presque à ras de terre, avec des gradins pouvant accueillir un peu plus de huit cents personnes. Samedi 13 août, jour de pleine lune, les reliefs des pierres sont intensifiés par des lumières orange, un peu de pourpre, un trait rouge. Graphiquement respectueux du lieu. C'est là que l'on a entendu Solo pour trois, création du Guillaume Séguron Trio, et le groupe Ursus Minor. Soirée parfaite.

    Des premiers, un peu gênés par un souffle venteux qui fait plier les partitions, il faut louer la passionnante écriture d'entrelacs rythmiques et mélodiques, l'exigeante interprétation. En deux suites - la seconde pourrait être resserrée - Guillaume Séguron, contrebasse, Patrice Soletti, guitare, et Lionel Garcin, saxophone, jouent avec les notions de répétition et de superposition, créant des mouvements en courbe, poussés par un beau sens de la dramatisation musicale.

    Les rôles des instruments sont changés. On perçoit des timbres, des couleurs, proches des inquiétantes progressions en boucles, marque de Jimmy Giuffre avec le groupe de prog-rock King Crimson. N'est pas loin non plus la douce élégance des trios sans batterie de Jimmy Giuffre (1921-2008), homme du jazz pas dédaigneux d'autres musiques, en particulier de la country - racines texanes, on ne se refait pas. La référence est plus nette : le trio joue en rappel, superbement, dans l'exacte durée, The Green Country (New England Mood) dudit Giuffre.

    Sur le premier temps

    Entracte. De la terrasse, derrière la scène, ouverte au public, on aperçoit des terrains de vignes, des forêts, le dessin d'une rivière, le soleil couchant. Discussions tranquilles. Et bam ! Ursus Minor. Jazz (dans son lien à l'improvisation), hip-hop, avec ses deux voix en flots libérés, raffiné (aux claviers Tony Hymas, qui va du romantisme classique aux emportements les plus claquants du rock), puissant. Et surtout funky à souhait, même en y mêlant le dub reggae ou une pesanteur blues.

    Pour ça, il y a les six-cordes de Mike Scott, qui prend des poses de guitar-hero, et la précision d'attaque et d'impulsion du batteur Q (accentuation sur le premier temps, la marque funk). Au baryton, François Corneloup tricote riffs et ornements. Et l'on découvre la chanteuse Desdamona, voix soul et rap très prenante.

    Dans la matinée de dimanche, Lionel Garcin et Laurent Charles montaient dans les arbres avec leurs saxophones. Drôles d'oiseaux partis dans les cimes conjuguer écriture (des partitions de Messiaen) et improvisation (à partir de relevés à la source animalière). Une invisible surprise pour les promeneurs autour du château du jazz.

    Sylvain Siclier - Envoyé spécial du QUOTIDIEN LEMONDE

    Merci à Sylvain Siclier dont son précis et sympatique  texte reproduit ici a fleuri de couleurs et de liens.

    + d'infos clique sur les liens et les images / + informations click on the words and pictures

    © studio point to point

    « GUSTAV MACHATY EROTIKON AND EKSTASECLAUDE CAILLOL, SUITE DE BAG'S »
    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks Pin It

    Tags Tags : , , , , , , , , , , , , , , , ,