• ARMAND ROBIN OU LA PASSION DU VERBE, BOURDON ALAIN

    Photo Jean Suquet Marie-Louise Point to Point Studio

    À quoi bon la biographie d'un poète ? La vraie vie est absente. Le  meilleur d'entre tous nous l'a dit. Armand Robin l'a dit avec ce beau livre : Ma vie sans moi. Sa langue maternelle, le breton, au sein de la misère, tandis que le père cogne un aride arpent de blé noir, il la reçoit d'une mère qui l'aime entre les coups, sourire bégayant, soleil dans les poèmes. Le Français est la première langue étrangère qu'il apprend. À perdre haleine. Car les livres lui ouvrent le chemin d'être libre. Suivons-le, de bourse en collège, de chambre de bonne en Sorbonne, jusqu'en U.R.S.S., à vingt ans, engagé dans un kolkhoze pour les moissons. Il y découvre le sinistre sillage de la faucille. Alors il approfondit entre les lettres le russe. Pour entendre à vif ceux qui disent non. Puis le chinois, l'arabe, il se saoûle de dix ou vingt autres langues.  Il consacre ses nuits et ses jours, casque sur la tête, plongeur au cœur de plomb, à sonder le ondes de la terre entière. C'est son métier, qu'il hait passionnément. Entre deux écoutes, revient-il à lui ? Il prête sa voix à ceux qui dise oui, il traduit les poètes. Il renaît Hölderlin, Essine. Il ressuscite leur chair sonore. Qui parle pour de bon ne s'appartient plus. Il entre en communion. L'encre l'éclair. Porte-Parole, seule pour sortir de son soi. Jean Suquet.


    Armand Robin ou la passion du verbe. Paris Seghers 1981 Poètes d'Aujourd'hui Isbn 2-221-005480-8

    Janvier 1982  N° 841 LECTURES CHOISIES EXTRAIT

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    Armand Robin Caricature circa 1930

    AU LIEU DU TITRE DE PROPRIÉTÉ : « Tous droits de reproduction et de traduction réservés. »

    La Pensée et la Poésie sont par nature indésirables. Les mauvais penseurs et les mauvais poètes les ont toujours jugées telles, mais jusqu'à ces temps ils n'avaient pas été si sots que d'aller formuler officiellement ce sentiment.

    Évadés du camp de concentration établi en tout pays pour abîmer l'Ame, ces poèmes sont, au nom des idées irréduc­tiblement d'extrême-gauche, un don du poète aux peuples martyrisés et en attente d'un plus grand martyre ; en consé­quence :

    Leur reproduction et leur traduction sont absolument libres pour tous les pays ; aucun droit d'auteur ; ces poèmes tombent dans le domaine public, dès aujourd'hui ; ils ne doivent être utilisés par aucun parti politique existant ou à venir ; étant nés sans patrie pour toutes les patries, ils ne doivent servir aucune cause « nationale », ni aucune cause faussement « internationale » ; ils ne doivent être cités élogieusement par aucun journal, aucune radio, aucune « revue littéraire » ; bref aucun organisme officiellement ou officieuse­ment chargé de tromper ; ils ne doivent être l'objet d'aucune approbation de la part d'aucun « intellectuel », à moins qu'il ne puisse prouver son absolue non-coopération avec toute forme d'oppression présente ou future ; ils doivent faire leur oeuvre sans aucun bruit, sans aucune aide et surtout sans aucune propagande, vaincre sans aucune arme d'aucune sorte l'énorme silence qui recouvre en ce moment sur terre la tentative d'assassinat de toutes les consciences ; ils doivent demander toutes leurs ressources au seul Amour.

    Ces poèmes et ceux qui suivront seront jetés à la mer avec des ressources provenant exclusivement de mon travail. Puis que viennent les plus fortes vagues pour les perdre !

    Il s’agit ici d'un cri en mots français ; si je peux rester sans dormir pendant encore quelque dix années, j'espère également pouvoir parler dans la langue de tout pays qu'on aura privé d'expression. Armand ROBIN. - Noël 1945.

    Post-scriptum. -Si malgré ce que je viens de vous dire quelqu'un d'entre vous songe au fond de sa conscience qu'il doit m'encourager de quelque récompense matérielle­ment visible, je lui demande d'envoyer quelque argent aux anarchistes espagnols : ce sont des hommes qui ne travaillent pas pour la haine ; Franco les a mis en prison, ils seront également mis en prison par Staline ou par tout autre bandit politique ; ils ne céderont devant aucune forme d'oppression.

    Le combat libertair

    Repères Bibliographiques

    Poèmes indésirables

    Armand Robin Wikipédia

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