Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Art Claude Viallat, Patrick Saytour, Toni Grand, Daniel Dezeuze, Artiste Supports surfaces,

GEORG TRAKL TEXTES-POÈSIES

Georg Trakl - 3 février 1887, 3 novembre 1914 - Portrait Point to Point Studio

Rêve du Mal de Georg Trakl

Georg TRAKL •  Une Vie, une Œuvre : De rêves et de ténèbres étreints

°°°°°°°°°°°°

Soyez maudits, sombres poisons,
Blanc sommeil
Ce très étrange jardin
D'arbres crépusculaires
Empli de serpents, de phalènes
D'araignées, de chauve-souris.
Étranger ! Ton ombre perdue
Dans le couchant,
Ténébreux corsaire
Sur la mer salée de l'affliction.
S'envolent des oiseaux blancs à l'orée de la nuit
Sur l'écroulement des villes d'acier.

LA ROSÉE DU PRINTEMPS

La rosée du printemps qui tombe
Des branches sombres, vient la nuit
Avec ses éclats d’étoiles, alors que tu as oublié la lumière

Sous la voûte d’épines tu étais couché et le dard s’enfonça
Profond dans le corps de cristal
Pour que plus ardente l’âme épouse la nuit.

La fiancée d’étoiles s’est parée,
Le myrte pur
Qui s’incline sur le visage adorant du mort.

Plein de frissons qui fleurissent
T’enveloppe enfin le manteau bleu de la souveraine.
 
  Georg Trakl, Poèmes épars, 1912-1914 Éditions Gallimard

De nuit

Le bleu de mes yeux s’est éteint dans cette nuit,
L’or rouge de mon cœur. O ! Le silence de la lampe allumée.
Ton manteau bleu enveloppa celui qui tombait.
Tes lèvres rouges scellèrent l’enténèbrement de l’ami.

Nachts

Die Bläue meiner Augen ist erloschen in dieser Nacht,
Das rote Gold meines Herzens. O! wie stille brannte das Licht.
Dein blauer Mantel umfing den Sinkenden;
Dein roter Mund besiegelte des Freundes Umnachtung.

Georg Trakl, traduction Guillevic-Éditions Obsidiane  

Vers le soir les forêts de l'automne retentissent
D'armes tueuses, les plaines d'or
Et les lacs bleus où s'abîme un soleil
Plus lugubre ; la nuit cerne
Des guerriers mourants, la farouche plainte
De leurs bouches brisées.
Mais sans bruit, dans le creux des pâturages,
Rouge nue où trône un dieu courroucé,
S'amasse le sang répandu, fraîcheur de lune ;
Tous les chemins débouchent dans une noire pourriture.
Sous les ramures d'or de la nuit et des étoiles
L'ombre de la sœur s'en vient par le bois muet, chancelante,
Saluer les âmes des héros,
les têtes ensanglantées,
Et doucement sonnent aux roseaux les sombres flûtes de l'automne.
O deuil où la fierté s'exalte ! O vous autels d'airain !
Une vaste douleur nourrit en ce jour la flamme ardente de l'esprit,
Les descendants non nés encore.
 
Georg Trakl, Vingt-quatre poèmes, préface et traduction de
Gustave Roud, La Délirante, 1978, dans la revue de belles-lettres, p. 179.
 
-------
 
Le soir résonnent les fêtes automnales
D'armes et de mort, les plaines dorées,
Les lacs bleus, plus sinistre le soleil
Roule au-dessus d'eaux ; la nuit entoure
Des guerriers mourants, la plainte sauvage
De leurs bouches cassées.
Cependant se rassemble sans bruit dans les pâtures du vallon
De la nuée rouge où habite un Dieu furieux,
Le sang versé, du froid lunaire ;
Toutes les routes débouchent sur la pourriture noire.
Sous les ramures dorées de la nuit et des étoiles
L'ombre de la sœur chancelle à travers le bois silencieux,
Pour saluer les esprits des héros, les têtes ensanglantées ;
Et doucement résonnent dans les roseaux les sombres flûtes de
                                                                            [l'automne.
O deuil plus fier, vous autels d'airain !
Une douleur puissante nourrit aujourd'hui la chaude flamme de
                                                                                [l'esprit,
Les descendants qui ne sont pas nés.
 
Georg Trakl, Poèmes, traduits et présentés par Guillevic, Obsidiane, 1989, dans la revue de belles-lettres, p. 182..
 
 
Grodek
 
Am Abend tönen die herbstlichen Wälder
Von tödlichen Waffen, die goldnen Ebenen
Und blauen Seen, darüber die Sonne
Düstrer hinrollt; umfängt die Nacht
Sterbende Krieger, die wilde Klage
Ihrer zerbrochenen Münder.
Doch stille sammelt im Weidengrund
Rotes Gewolk; darin ein zürnender Gott wohnt
Das vergoßne Blut sich, mondne Kühle,
Alle Straßen münden in schwarze Verwesung.
Unter goldnem Gezweig der Nacht und Sternen
Es schwankt des Schwester Schatten durch den schweigenden Hain.
Zu grüßen die Geister der Helden, die blutenden Häupter;
Und leiser tönen im Rohr die dunklen Flöten des Herbstes.
O stolzere Trauer! ihr ehernen Altäre,
Die heiße Flamme des Geistes nährt heute ein gewaltiger Schmerz,
Die ungebornen Enkel.
 
la revue de belles-lettres, 2014, I, Lausanne, p. 176.

+ d'infos

Poète autrichien, il incarne le poète maudit, hanté par un amour incestueux dévoué à sa sœur Maragarete, drogué à l’absinthe et à l’opium, il eut une existence brève et tragique.
Envoyé sur le front russe, face à l'horreur des massacres auxquels il assiste, il tente de mettre fin à ses jours, il sera interné et tente à nouveau de se suicider. Il meurt à l’hôpital de Cracovie Le 3 Novembre1914 d'une overdose.

Georg_Trakl_Poems.pdf

Georg trakl Bio wikipedia

Georg Trakl poète sombre

« Qu’importe, si, pris de vin, tu laisses choir ta tête dans l’égout »  

Georg Trakl "Révélation et anéantissement" mise en musique Étant Donnés

Georg Trakl poet

© studio point to point XXI°

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article